Albertine, Marthe, Andrée, Claude et les Autres

Spectacle

Cabaret pour trois mariées, trois fantômes et deux guerres mondiales.

On y mange, on y boit, on y danse, petit moment de la condition humaine.

« Parce qu’il est urgent de dire à voix haute qu’ils ont existé, et que l’Histoire avec un grand H s’est nourrie de leur vie. Que chaque guerre, chaque bouleversement politique, économique, chaque avancée sociale se nourrit de la vie de Claude, Renée, Albertine et les Autres… et qu’il est infiniment précieux et joyeux de pouvoir le dire aujourd’hui à voix haute… »

« Pendant 85 ans je n’ai pas pu m’exprimer. Aujourd’hui, j’ai vraiment besoin de parler. » Ainsi commence le récit de Lydie.

Avec la vie de quinze femmes, qui ont travaillé, enfanté, vécu pendant les deux guerres mondiales du vingtième siècle,  trois personnages féminins, en robe de mariée,  portent la mémoire de la condition féminine. Portent surtout l’histoire des hommes et les deuils de la patrie.

C’est pourtant soixante minutes de joie où la mémoire sensitive est réveillée par toutes les bonnes choses à manger offertes par les comédiennes et qui, comme la madeleine de Proust, nous ramène dans notre jeune temps, qui n’était pas toujours bon, mais ça fait rien, l’humanité en verra d’autres.

Puisque les mariées-comédiennes et les spectateurs sont dans le même espace, buvant aux mêmes tables, et valsant entre les chaises, on sort finalement les photos et tout le monde reconnaît les siens. C’est alors qu’on se rend compte que la vie dans le Nord est la même qu’à l’Est, et que la vieillesse ne connaît pas de frontière.

D’ailleurs toutes ces vies ont trouvé leur dernière place sur les étagères de la Bibliothèque Nationale de France.

Création 2002

Adaptation et mise en scène : Brigitte Mounier

Avec Isabelle Carré, Carole Huot et Brigitte Mounier

Création Lumières : Bernard Plançon

Costumes : Moïse Portella-Leuridan et Camille Bigo

Sculptures : Karine Bracq

Objets : Jean Marie Devin

Régisseur son & lumière : Nicolas Bignan
Régisseuse Plateau : Marie-Annick Boutry

Coproduction
Compagnie des Mers du Nord / Ville de Grande Synthe, en partenariat avec la, fraternité de Lille. Avec l’aide du Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais, du Conseil Général du Nord, du Conseil Général du Pas-de-Calais et de l’ADAMI.

Photos : Bernard Cartiaux pour la Ville de Grande Synthe

Extrait

« Moi, j’suis née à 11 h 30, aux Chesnais, dans le café de ma tante, un dimanche au comptoir. Ma mère n’a pas eu de douleurs, hop comme ça qu’suis v’nue ! Comme une lettre à la poste… c’est comme ça aussi que j’ai eu mes quatorze enfants !
J’ai toujours accouché toute seule. Ma Catherine dans l’escalier elle est venue, les autres pareil. Marie je l’ai eue entre le buffet et le butagaz, un sur le balcon, Jean-Louis sur la digue, André pareil.
Je n’ai pas connu ma mère du tout. C’est mon père qui m’a élevée.
Ma mère ne s’est jamais occupée de moi. On n’a jamais voulu me dire pourquoi elle est partie. Mais à 12 ans, quand ma belle-mère m’a foutue dehors, c’est mon grand-père qui est venu me chercher. Mon grand-père, c’était sacré pour moi !
Il avait les deux jambes coupées, un seul bras et plein de trous… la guerre 14-18. »

Presse